KOBAYASHI MASAKI

KOBAYASHI MASAKI
KOBAYASHI MASAKI

KOBAYASHI Masaki 1916-1996

En France, le nom du réalisateur japonais Kobayashi Masaki est essentiellement lié à deux films, qui connurent à leur sortie un certain succès et qui sont devenus des classiques: Harakiri (1963) et Kwaidan (1964), tous deux présents au festival de Cannes, où chacun obtint un prix spécial du jury. Pourtant, son œuvre principale demeure le monumental triptyque de La Condition de l’homme (1959-1961), où il évoque sa propre expérience de la guerre, liée à celle de l’écrivain Gomikawa Jumpei, dont le livre a inspiré le film, qui fut tardivement distribué en France.

Né en 1916 à Otaru (île de Hokkaid 拏), Kobayashi Masaki étudie l’art et la philosophie à la célèbre université Waseda (T 拏ky 拏), avant d’entrer en 1941 à la société Sh 拏chiku, où il devient assistant metteur en scène aux studios d’Ofuna. Appelé sous les armes en 1942, il passe deux ans en Mandchourie, où il sera fait prisonnier par les Américains en 1945. De retour au Japon en 1946, il rentre à la Cie Sh 拏chiku, où il est notamment assistant du metteur en scène Kinoshita Keisuke, avec qui il collaborera pour certains scénarios. Mais ce n’est qu’en 1952 que la T 拏h 拏 Sh 拏chiku lui permet de réaliser son premier film, La Jeunesse du fils (Musuko no Seishun ), un mélodrame que suivit Le Cœur sincère (Magokoro ). En 1953, il signe son premier film personnel, inspiré des carnets de notes des criminels de guerre nippons, La pièce aux murs épais (Kabe Atsuki Heya ), dont le scénario est écrit par Abe K 拏b 拏: la sortie du film sera bloquée jusqu’en 1957 par le président de la Sh 拏chiku, qui cède aux pressions exercées par les autorités américaines.

Sans être lié précisément au Parti communiste japonais comme nombre de ses confrères, Kobayashi suit néanmoins le courant progressiste militant de l’époque, s’attaquant à la corruption du monde du base-ball, dans Je t’achèterai (Anata Kaimasu , 1956), et à celle engendrée par la présence des bases américaines, dans La Rivière noire (Kuroi Kawa , 1957) où il révèle le jeune acteur Nakadai Tatsuya. Celui-ci deviendra Kaji, le héros de sa fresque antiguerrière, La Condition de l’homme (Ningen no Joken ), qui, en dehors de sa puissance expressive, restera comme le plus long film de fiction narrative classique du monde, avec ses trois parties et ses 9 h 45 de projection! Kobayashi y dénonce violemment l’attitude répressive de l’armée impériale en Mandchourie tout en critiquant l’idéalisme de Kaji, qui finit par mourir dans les immensités neigeuses de la Sibérie. La première partie (Il n’y a pas de plus grand amour ) obtint la coupe Pasinetti à la Mostra de Venise en 1960, et le film connut un succès public jamais démenti au Japon. Le réalisateur s’attaque ensuite au mythe des samouraïs et du code du bushido dans son film le plus célèbre à l’étranger, Harakiri (Seppuku ), à travers le destin d’un «ronin» (samouraï sans maître) révolté contre l’autorité des seigneurs. Il lui donnera une suite en 1967, avec Rébellion (J 拏i Uchi ), moins réussi, où il oppose les deux acteurs mythiques du cinéma japonais, Nakadai Tatsuya et Mifune Toshir 拏. Mais déjà, le cinéma traditionnel entamait son déclin, et Kobayashi n’allait plus retrouver le succès qui était le sien, malgré le triomphe de l’esthétisme glacé dans Kwaidan , transposition de quatre contes fantastiques de Lafcadio Hearn

La Jeunesse du Japon ou Pavane pour un homme épuisé (Nihon no Seishun , 1968), adaptation d’un roman de End 拏 Sh saku, qui soulignait les implications de l’industrie japonaise pendant la guerre du Vietnam, fut présentée à Cannes, mais sans obtenir l’accueil des films précédents. Suivit une série de films mineurs, où Kobayashi se laissait rattraper par les rapides changements sociaux du Japon: L’Auberge du mal (Inochi Bonifuro , 1970), Les Fossiles (Kaseki , 1975), où il reprenait le thème de Vivre de Kurosawa; un film de commande tourné en Iran, L’Automne embrasé (1978), et La Maison sans table (1985). Il fit épisodiquement partie de la société Yonki no Kai («Les Quatre Chevaliers») – avec Kinoshita, Ichikawa et Kurosawa – dont le seul film effectivement réalisé fut Dodes’Kaden , de Kurosawa (1970). Son dernier film important reste Les Procès de Tokyo (Tky no Saiban , 1983), montage impressionnant d’archives sur le sort des criminels de guerre nippons, d’où ne ressort pas clairement la culpabilité du Japon dans le déclenchement de la guerre.

Humaniste convaincu, proche de Kurosawa par certains aspects, Kobayashi Masaki symbolise à merveille une génération de cinéastes des années démocratiques du Japon, une génération qui a connu la guerre et la défaite, et transmis cette expérience dans des films avec une belle sincérité. Il a également contribué à renouveler le film historique par son sens critique et social, connaissant l’âge d’or du cinéma japonais avant de subir son déclin.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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